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Une stomie, du grec " stoma " signifiant bouche, est l’abouchement chirurgical d’un organe creux à la peau. Un stomisé est une personne porteuse d’une stomie.
"La stomathérapie est la maîtrise des connaissances techniques et des principes de la relation d’aide, qui vont permettre au stomisé de retrouver son autonomie après l’intervention, afin de reprendre une vie personnelle, familiale, professionnelle et sociale aussi normale que possible." (Suzanne Montandon)
Le terme consacré par le World Council of Enterostomal Therapists (W.C.E.T.) à la fonction d’infirmière spécialisée en stomathérapie est, en français, "entérostoma-thérapeute", dont le sigle E.T. fut mondialement reconnu bien des années avant l’apparition de notre homonyme extra-terrestre imaginé par Spielberg.
A la réflexion, nous partageons une image commune : le symbole de la rencontre, rencontre, en ce qui nous concerne, entre l’homme souffrant et l’infirmière qui écoute et prodigue les soins. Cette rencontre a lieu dans le cadre d’une démarche de soins, élaborée entre l’équipe médicale, paramédicale et la personne soignée, et adaptée quotidiennement. Cette démarche consiste à analyser, prévoir, organiser, donner les soins infirmiers en fonction de l’état de santé, des prescriptions médicales, des préoccupations et de l’environnement du malade, et à évaluer le résultat. Cette démarche de soins a pour but de répondre à ses besoins et à ceux de son entourage.
La création des protecteurs cutanés de synthèse (hydrocolloïdes) a révolutionné les soins en stomathérapie, car ils ont permis de traiter les problèmes cutanés autour des iléostomies et fistules et de les prévenir.
Ces plaques ont été immédiatement utilisées sur des plaies (escarres, petites brûlures, excoriations accidentelles...), en particulier par des E.T.
Le vaste champ des plaies chroniques (escarres, ulcères...) et des plaies chirurgicales problématiques (lâchage de sutures avec ou sans fistules) a été ainsi investi par les E.T. Il fait désormais partie intégrante de leurs compétences. La prise en charge des escarres constituées a entraîné la nécessité de travailler également sur leur prévention.
Selon leur lieu d’exercice, les E.T. peuvent être amené(e)s à développer ce champ de compétence pour :
Dans un établissement, elles peuvent aussi être membres, voire à l’initiative d’un groupe de travail sur l’élaboration de protocoles relatifs à la prise en charge de ces différents problèmes. Ce groupe est toujours pluridisciplinaire et comprend des médecins, chirurgiens, infirmier(e)s, aides soignants, éventuellement diététiciens, kinésithérapeutes...
Au cours de la formation (certificat clinique en stomathérapie), un module est consacré à l’enseignement de cette compétence. Chaque E.T. devient ensuite vecteur d’information puis de formation aux personnels soignants et aux étudiants.
Certaines E.T. ont créé des sessions de formation qu’elles assurent soit en inter (en recevant des groupes de soignants de diverses provenances) soit en intra dans des établissements qui les sollicitent.
Plusieurs E.T. françaises sont titulaires d’un Diplôme Universitaire Plaies et Cicatrisation (Universités Pitié-Salpêtrière à Paris, ou Montpellier)
La continence fécale est l’ensemble des mécanismes qui permettent au sujet de contrôler l’exonération du bol fécal contenu dans l’ampoule rectale. Pour ce faire, la fonction du canal anal et de l’appareil sphinctérien est double :
La défécation est un acte à la fois volontaire et automatique.
Lorsque l’une de ces fonctions est altérée, la continence n’est plus assurée et il en résulte une incontinence fécale, soit par incapacité volontaire, soit par absence ou diminution de la sensation du besoin.
Dans les troubles de la défécation, on distingue d’une part l’incontinence anale et d’autre part la rétention anale.
Les phénomènes de la continence anale sont complexes et l’atteinte d’une ce des fonctions est responsable de l’incontinence anale. Elle est soit partielle (gaz et/ou matières), soit totale (gaz, matières, liquides et solides). De nombreuses causes sont évoquées : causes neurologiques, iatrogènes, digestives ou diverses, causes électrolytiques, particulièrement chez la femme, des causes obstétricales ou gynécologiques engendrant des incontinences anales.
Elle se caractérise par l’accumulation pathologique des selles dans le colon et/ou le rectum. Elle peut apparaitre à tous les âges.
Les principales étiologies sont des causes fonctionnelles (déséquilibre ionique, alitement prolongé, mauvaise hygiène alimentaire, mauvaise vascularisation, abus de neurologiques) ou encore organiques (adhérences ou brides, lésions inflammatoires sténosantes, tumorales à quelque niveau que ce soit du tube digestif, volvulus du sigmoïde, affections endocriniennes, vasculaires).
Le diagnostic :
Le bilan clinique repose sur l’interrogatoire qui permettra de recueillir de nombreux renseignements tant sur l’apparition des premiers signes et leur évolution que sur l’état du transit, et sur les antécédents médicaux ou chirurgicaux ou encore sur la qualité de vie. Les examens cliniques et radiologiques mettront en évidence les dysfonctionnements et guideront le praticien dans le choix du traitement.
Le traitement :
L’incontinence urinaire est l’émission non contrôlable d’urine, avec besoin d’uriner ressenti ou non par le patient. La rétention urinaire est l’impossibilité de vider sa vessie, elle peut être aiguë ou chronique.
On distingue les différentes fuites urinaires par leurs circonstances de survenue :
C’est l’émission volontaire d’urine par les voies naturelles avec besoin ressenti.
Les phénomènes de la continence sont très complexes et de nombreux facteurs peuvent perturber son mécanisme.
L’incontinence urinaire est due :
L’impériosité mictionnelle traduit une contraction involontaire du détrusor par instabilité ou excitabilité accrue vésicale. La fuite urinaire se produit seulement en cas de relâchement sphinctérien. Dans l’incontinence par impériosité, le besoin est ressenti mais le patient ne peut retenir sa miction. Les vessies instables relèvent soit d’une maladie neurologique centrale, soit d’une origine irritative ou encore d’un problème psychologique.
C’est la perte du contrôle volontaire du détrusor et du sphincter strié, d’où des mictions réflexes incontrôlables survenant plutôt pendant le sommeil.
Les fuites par regorgement sont l’apanage de la rétention urinaire chronique. Elles surviennent à n’importe quel moment.
La rétention d’urine peut se manifester sous forme aiguë qui se définit par l’impossibilité brutale et totale d’uriner, ou sous forme chronique qui se définit par l’impossibilité de vidanger complètement la vessie.
La rétention aiguë ou la rétention chronique d’urine présentent les mêmes étiologies :
Le diagnostic :
L’exploration d’une incontinence urinaire doit permettre de reconnaître le type physiopathologique de l’incontinence, son étiologie sous-jacente, la gêne réelle qu’elle engendre. De même, elle doit permettre de guider les propositions thérapeutiques. L’exploration repose sur l’examen clinique et sur les examens para-cliniques, dont une place toute particulière est laissée au bilan urodynamique.
Le traitement :
Les différents traitements dans un trouble mictionnel doivent permettre une amélioration de la gêne fonctionnelle, être adaptés aux patients et aussi peu " invasifs " que possible. Dans l’échelle thérapeutique se trouvent les médicaments, la rééducation sphinctérienne et périnéale. L’association de ces deux méthodes est quelquefois préconisée.
D’autres moyens sont complémentaires :
Le traitement chirurgical est fonction de l’étiologie par des cervico-cysto-pexies et les soutènements sous-urétraux, adénomectomie :
L’acte chirurgical génère des souffrances, et la création d’une stomie a pour conséquences la perte du contrôle de l’exonération des matières ou des urines. Pour que le stomisé puisse redevenir un membre à part entière de la communauté à laquelle il appartient, il faut que le contrôle soit rétabli de façon parfaite, c’est le rôle des appareillages de recueil.
Le rôle de l’E.T. commence avant l’intervention lorsque, avec le chirurgien, elle va localiser la stomie dans le site le plus favorable à la pose de l’appareil de recueil. Le futur stomisé est rassuré par le soin pris à préparer son appareillage, à prendre en compte sa profession, ses loisirs, son mode de vie, et à envisager son avenir dans une perspective de vie normale.
Une information claire, précise, complète avant l’intervention est le meilleur atout pour une bonne réadaptation.
Le patient qui doit subir une intervention aussi importante pour son image corporelle se trouve dans une situation de détresse. Il est confronté à deux deuils : celui d’une fonction essentielle, la fonction d’exonération dont le contrôle depuis sa plus tendre enfance a été source de satisfaction, voire de plaisir ; celui de son image corporelle dont il va visualiser la modification. Le processus de deuil se déroule en quatre étapes :
Le temps nécessaire au déroulement de ces étapes et à leurs manifestations doit être respecté. C’est à l’issue de ce travail de deuil que la nouvelle image corporelle pourra être acceptée. L’entérostoma-thérapeute doit veiller au bon accomplissement de ce processus, dont la durée est évaluée à environ un an, et signaler au médecin tout état dépressif prolongé.
Quand la maladie est grave et mutilante, elle amène bien souvent à s’interroger sur le sens de la vie et à chercher des justifications à la souffrance. L’entérostoma-thérapeute n’a pas de réponse toute faite à apporter au stomisé, mais peut lui apporter une écoute attentive et affectueuse.
En ce qui concerne la reprise d’activités et le retour à la vie familiale, que de questions sont soulevées, mais aussi que de problèmes sont laissés dans l’ombre par les stomisés, parce qu’ils n’osent pas les aborder ou que les soignants, en dehors des E.T., ne sont pas préparés à y répondre.
Les différents entretiens menés par l’entérostoma-thérapeute lui permettent de connaître le malade et d’envisager avec lui les problèmes qui se poseront dans sa vie quotidienne, familiale et sexuelle. Voici quelques unes des questions les plus fréquemment posées :
Explications sur les différents types de stomies.
En stomathéapie, nous avons à prendre en charge plus particulièrement les fistules entéro-cutanées (communication d’un organe creux à la peau).
Les fistules digestives sont souvent post chirurgicales, ou liées à un processus évolutif d’une pathologie particulière comme la maladie de Crohn, voire post traumatiques.
Les fistules digestives se traduisent par l’issue du contenu intestinal par un orifice cutané.
Elles constituent toujours une complication survenant brutalement et s’extériorisant à des emplacements souvent d’accès peu aisé.
Les problèmes rencontrés sont d’importance variable selon la hauteur de la fistule sur l’appareil digestif. Il faut tenir compte :
Tous ces problèmes entrainent des répercussions psychologiques chez le malade dont il faudra tenir compte.
L’infirmière stomathérapeute, en présence d’une fistule digestive, met en place une démarche de soins :
L’enfant peut, dès sa naissance, subir des interventions chirurgicales nécessitant la confection d’une stomie.
La stomathérapie en pédiatrie consiste à prendre en charge tous les problèmes concernant l’appareillage et à apporter une aide psychologique et une information précise à l’enfant (quand il est en âge de comprendre) et à ses parents.
Les stomies chez l’enfant sont rarement définitives.
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Elles représentent le nombre le plus important de dérivations (environ 100000).
Les pathologies les plus fréquentes qui conduisent à pratiquer cette intervention sont :
Le nombre de stomies définitives diminue au profit des anastomoses sous protection d’une stomie temporaire.
Les techniques chirurgicales ne sont pas du ressort de l’infirmière, mais la compréhension de ces réalisations est capitale pour une efficacité optimum des soins aux stomisés.
Plus de 50 % des stomies digestives sont pratiquées en dehors de la pathologie cancéreuse ou inflammatoire classique. Elles sont réalisées dans le cadre de la chirurgie réglée ou dans des conditions difficiles, de type urgences. Elles imposent une prise en charge psychologique et technique importante. Rapidement, il s’agit :
La confection d’une stomie digestive entraîne la perte de la continence, base de la vie sociale.
Il est donc nécessaire de trouver une solution qui permettre au stomisé de retrouver une vie sociale malgré ce handicap : l’utilisation d’appareillages fiables et adaptés le permet.
Mais il conviendra d’opérer le bon choix en fonction du type de stomie, de la localisation de la stomie, de la qualité de l’élimination, du degré d’autonomie du malade, de sa personnalité, de ses activités, du temps dont il dispose pour ses soins, de ses installations sanitaires...
Afin que le stomisé retrouve son autonomie, il devra apprendre à réaliser ses soins lui-même. Le début de cette phase d’apprentissage se situe aux alentours du septième jour après suppression des perfusions, mais cela dépend des personnes soignées, de leur état physique et psycho-émotionnel. L’apprentissage se décompose en quatre phases :
Elles sont moins nombreuses (3 000 cas en France peut-être, ce nombre est difficile à évaluer).
Les diagnostics plus précoces de tumeurs de la vessie, la nécessité de dérivation chez des sujets jeunes victimes de traumatismes au niveau de la moelle épinière, font que des infirmières de toutes spécialités se trouvent confrontées à des malades porteurs de dérivations urinaires.
On parle de dérivation urinaire chaque fois que l’on intervient pour détourner les urines de leur cours normal. Selon la technique opératoire, on distingue les dérivations internes et les dérivations externes :